Le crowdfunding, entendez financement participatif, a le vent en poupe…surtout depuis que le gouvernement a vu en lui un excellent palliatif pour contourner l’aide plus qu’en berne de ses banques et financements publics. Les décrets et mesures visant à assouplir les contraintes règlementaires attachées à ce mode de financement vont bon train, et les chiffres explosent : 1 million de Français ont prêté ou donné des fonds au premier semestre 2014, soit le double de l’année dernière sur la même période. Alors, on se fait financer nous aussi ?
Comprendre ce qu’est le crowdfunding
Le crowdfunding se traduit littéralement par « financement des foules ». C’est un financement sous la forme de don, apporté par les particuliers pour aider votre projet, en contrepartie ou non de quelque chose de votre part. Des plateformes Internet se sont spécialisées pour accueillir les campagnes de financement de porteurs de projets en tous genres (Ulule, MyMajorCompany, KissKissBankBank pour les plus connues).
Avoir un projet abouti
Créer votre campagne vous permettra de bien définir votre projet, car tous ces éléments seront nécessaires :
- Un détail complet de votre projet : qui, quand, pourquoi, comment. Le projet doit avoir une finalité bien précise.
- Le montant que vous souhaitez collecter.
- Ce que ce montant viendra précisément financer.
- La durée pour atteindre votre objectif (le maximum proposé par les plateformes est de 90 jours).
- Les contreparties éventuelles pour chaque montant de dons.
La règle du « tout ou rien »
À l’issue de la période définie pour réaliser votre objectif, deux cas de figures:
- Vous avez réuni les fonds espérés (voire plus) et la plateforme de crowdfunding vous redistribue l’argent collecté (minus leur part de commission).
- L’objectif n’a pas été atteint et vous restez bredouille (les donateurs ne sont pas débités).
L’argent ne tombera pas du ciel
Proposer votre projet sur une plateforme de crowdfunding ne suffit pas. Ces plateformes ne sont que des supports permettant de mieux organiser votre campagne, lui offrir un système de récolte de fonds et lui donner une vitrine. Il ne faut certainement pas compter sur l’aide d’internautes philanthropiques qui passeraient par là, avec de l’argent à ne plus savoir qu’en faire.
Lancer sa campagne demande un vrai investissement en temps. Il vous faudra créer une communauté forte de personnes prêtes à vous soutenir : bien souvent vos proches et vos cercles élargis. Vous devrez en continu envoyer des mails, publier des messages sur Facebook, parler de votre campagne à vos cours ou lors de représentations, apposer une bannière XXL sur votre site Internet. Pendant la période de campagne, il ne vous faudra parler que de ça ! Un gros effort, certes, mais qui aura l’immense avantage de vous créer un réseau de fans impliqués dans votre projet futur ; une formidable façon de créer ou renforcer sa communauté.
Les chances de succès
Les chiffres sont formels, vous aurez donc :
- 59% de chance de collecter l’argent nécessaire à votre projet si vous proposez des récompenses en échange des dons.
- 98% de chance si vous ne proposez pas de récompenses en échange des dons.
L’histoire n’explique pas clairement le pourquoi de cette aberration. Nous avons émis plusieurs hypothèses, et la plus probable reste celle-ci : Les projets financés par des dons sans récompense ont moins d’ambitions en termes de budget, et ils réunissent plus facilement les sommes espérées. On a aussi l’hypothèse optimiste sur notre société : Les personnes qui souhaitent soutenir des projets n’ont pas besoin de contrepartie. À vous de choisir celle que vos préférez.
Les clés du succès pour réussir votre campagne
- Restez actif : communiquez sans cesse et partout sur votre projet.
- Préférez une durée de campagne courte : pour justement concentrer vos efforts de communication et les rendre plus efficaces. 45 jours nous semblent raisonnables.
- Ne visez pas trop haut : mieux vaut récolter une petite somme, qui vous donnera le sentiment d’avoir réussi votre campagne, plutôt qu’espérer un montant faramineux qui ne vous sera jamais remis.
- Créez du sens à votre projet et faites en sorte qu’il en ait pour votre communauté (que lui apportez-vous concrètement ?) Vous aurez ainsi moins de mal à la mobiliser. Si votre projet n’est pas à destination de votre communauté, proposez-lui des contreparties attrayantes.
Comment choisir votre plateforme de crowdfunding ?
Que vous choisissez une plateforme bien connue ou moins connue du grand public, la différence en termes de visibilité sera minime, puisque comme expliqué plus haut : c’est vous qui ferez votre visibilité, pas la plateforme.
Les critères de choix pourront alors porter sur :
- La présentation de votre projet : est-il bien mis en valeur ?
- La clarté pour les internautes : vont-ils comprendre tout de suite de quoi il s’agit et où faire leur don ?
- Les commissions prises par les plateformes : elles peuvent varier entre 2 et 10%, auxquelles s’ajoutent parfois des frais sur les transactions bancaires. Soyez vigilant et lisez bien leurs conditions.
6 plateformes de crowdfunding à l’étude
Des plus connues :
- KissKissBankBank : La plateforme généraliste que nous préférons, pour sa clarté et sa simplicité d’utilisation. Comptez 8% de commission sur les fonds récoltés (5% + 3% de transaction bancaire).
- Ulule : Une très bonne plateforme également, fiable et efficace. Les commissions sont fonctions des montants collectés : 8% de 0 à 100 000€ ; Pas de frais de transaction bancaire mentionnés.
- MyMajorCompany : La pionnière française est très connue pour le financement d’albums musicaux, mais elle n’accueille pas encore beaucoup de projets artistiques (pas de catégorie dédiée !). Et comptez tout de même 10% de commission.
Aux moins connues :
- Babeldoor : une plateforme qui nous plaît pour sa convivialité et son humanité (beaucoup de projets solidaires, humanitaires, culturels et artistiques). Le site sera entièrement refait en septembre 2014 pour accueillir encore plus de projets…et seulement 6% de commission.
- Bulb in town : spécialisée dans les actions locales, cette plateforme s’inscrit dans l’air du temps. Le site manque un peu d’ergonomie et de clarté selon nous, mais il est encore jeune et a toutes les chances de s’améliorer. Le taux de commission est peu clair. 5% sur le site (sans pouvoir en savoir plus). Une autre source d’information précise entre 5 et 9% + 3 à 3,4% de frais sur la transaction bancaire.
- Proarti : une plateforme dédiée aux projets artistiques et culturels. Cette spécialisation est intéressante. Mais le site est complexe et l’internaute peut vite se perdre dans les explications et terminologies employées (artinautes, communautés macarons, fraisiers, …). Il gagnerait à être amplement simplifié. Sa particularité : Proarti se positionne en tant que fonds de dotation, ce qui lui donne droit de recourir aux dons des internautes pour se développer et soutenir la création artistique. Son taux de commission : 8% .
Conclusion : on y va ou on n’y va pas ?
Pour résumer : si vous avez du temps à consacrer à votre campagne, et que votre projet a un sens pour vous et votre communauté, n’hésitez pas un seul instant. Si, en revanche, vous n’êtes pas de nature à « manifester » toute la journée pour faire valoir votre projet, passez votre tour. Vous pourrez vous tourner vers d’autres moyens de financement, tels que réponses à appels à projets, sollicitations de fondations ou de mécènes, demandes de financements publics… Nous vous parlerons plus tard de ces alternatives.
Alors, vous lancez-vous ? N’hésitez pas à nous partager vos expériences de crowdfunding.
Sources :
- Les Echos – Franc succès pour la finance participative
- Le guide du crowdfunding – Chiffres du 1er semestre 2014
- 01net – Panorama des plateformes de crowdfunding françaises